Depuis quelques jours, l’information est officielle et parcourt les médias: le siège du franchiseur en optique, Optical Center, a été perquisitionné, et 7 dirigeants ont été mis en garde à vue. https://www.ladepeche.fr/2023/03/17/optical-center-soupconne-de-fraude-fiscale-une-perquisition-et-sept-gardes-a-vue-11068297.php
Laurent Levy, grand manitou de l’entreprise, observe tout cela depuis les hauteurs de Jerusalem. L’air y est plus frais, surtout le soir. Mais pour celui qui nous expose depuis des années que son action est aiguillée par des lois religieuses, ça fait un peu désordre. “Le président fondateur n’a jamais caché, bien au contraire, l’inspiration spirituelle qui guide son management, puisée principalement dans les textes sacrés du judaïsme.” (Capital, 15/12/2021).
Habitué à flirter avec les limites de la loi (civile), à pratiquer de fausses remises sur des prix gonflés toute l’année, ce qui est interdit, le fameux mois de soldes lui permet de faire un doigt d’honneur aux décisions de justice. À coups de millions d’euros de pubs dans les boites (qui n’en a pas reçu?), on trouve toujours dans chaque secteur le potentiel de gogos nécessaire à la bonne marche des boutiques. Laurent Levy a parié sur la bêtise humaine, cette démarche lui a réussi au-delà de toute attente.
Mais pas que. En dénonçant la fraude dans l’optique pendant un très opportun et court moment, Levy a su s’attirer les grâces de nombreux journalistes, le qualifiant de “chevalier blanc” sans trop vérifier comment ça se passait dans ses propres structures, et je ne parle pas de l’exploitation outrancière du 100% santé audio. Car Levy sait se faire aimer, voire aduler. Par ses collaborateurs les plus proches, certes, dévoués corps et âme, et, sachant marier un subtil dosage d’homme désintéressé -celui qui vend les mêmes lunettes 40% moins cher- et d’argumentaire mystique, la dérive sectaire de ses franchisés et de ses équipes n’est un mystère que pour ceux qui sont sous son emprise, et ce sont ceux qui en sont sortis qui en parlent le mieux. Quant à la partie de son clergé qui lui sert de caution morale, gageons que leur indulgence face à ses contorsions avec la rectitude est proportionnelle aux montants des dons qu’il leur distribue au long de l’année.
Pour que tracfin plonge le nez sur les escales de son argent à Hong Kong et en Israël, il y a forcément un long et minutieux travail. Ces gens ne plaisantent pas, ils sont chirurgicaux. Habituellement, les innocents, même aux mains pleines, préfèrent déclarer leur confiance en la justice qui ne manquera pas de laver leur honneur.
En ce qui concerne Laurent Levy, sa défense est pire que l’attaque, c’est des demandes d’hagiographie accompagnées de victimisation. Pour preuve, le habituellement sérieux site Israelvalley, plutôt enclin à nous donner des nouvelles structurées de l’économie israélienne et de ses réussites, les plus souvent orienté start-up, nous sert une panégyrie ficelée sur mesure et très bien indexée sur Google… Merci à la groupie de service.
http://israelvalley.com/2023/03/19/laurent-levy-president-doptical-center-le-secret-de-sa-reussite
Quant aux échos, les voilà en service commandé, notre mis en cause estimant qu’ “on” cherche à “l’anéantir”.
Une prose digne des meilleurs gourous. Bientôt l’appel au suicide collectif des adeptes?
C’est que Levy doit avoir chaud aux fesses. Car depuis quelques années, il sait qu’en cas de demande de la police française, Israël ne se considère plus comme le terrain de jeu des fuyards, mais extrade purement et simplement vers le pays d’origine.
Enfin, pour avoir lu le mail qui a été adressé à ses ouailles, usant de termes affolants, dignes d’un signalement à MIVILUDES, Levy conclut en enjoignant ses admirateurs à continuer à “diffuser la lumière”, les félicitant d’avance de leur capacité à “discerner le bien du mal”, sans rire.
En attendant avec gourmandise la suite des évènements, conseillons à notre confrère de manier les médias avec beaucoup de précautions. On l’attend à chaque tournant. Et à ses admirateurs de sortir de leur état hypnotique. Sans trop attendre.